Organismes génétiquement modifiés :
Etat des lieux au Burkina Faso

mercredi 24 mai 2006.

La Coalition de veille face aux Organismes génétiquement modifiés (CVOGM) a organisé samedi 20 mai 2006, à l’Université de Ouagadougou, une conférence sur le thème : « OGM, l’état des lieux au Burkina Faso ».

« Un Organisme génétiquement modifié (OGM) est un être vivant dont le génome a reçu un ou plusieurs gènes en provenance d’un autre être vivant ». Telle est la définition d’un OGM, selon Bali Nébié, professeur au lycée Nelson Mandela. Dans sa communication, M. Nébié a fait une genèse des OGM.

Il ressort que la première manipulation génétique a eu lieu en 1973. Dix ans plus tard, une plante génétiquement modifiée, en l’occurrence le tabac, a été obtenue. Sur l’échiquier mondial, la commercialisation de certaines plantes et animaux transgéniques est autorisée. Il s’agit entre autres, de la tomate, la banane, le cacao, le chou, le tabac, le coton, le poisson et la vache. Mosanto, Syngeta, Dupont et Aventis sont les principales firmes qui se partagent le marché des OGM. Elles bénéficient de soutiens multiformes d’institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). M. Nébié a montré que des gouvernements subissent diverses pressions venant des grands producteurs d’OGM que sont les USA, le Canada, l’Argentine et la Chine où sont installées les firmes suscitées.

Ainsi en 2002, le pays de l’oncle Sam a proposé un prêt à la Zambie à condition qu’elle achète son maïs transgénique.

Pourtant, la consommation ou la culture des organismes en question n’est pas sans danger même si elle comporte aussi des avantages. Le conférencier a indiqué que des médicaments comme l’insuline ont été obtenus grâce aux manipulations génétiques.

Celles-ci, dit-il, ont permis également d’améliorer la qualité de plusieurs aliments : fromages, riz, pommes de terre... Toutefois, des risques d’ordre environnemental, sanitaire, économique, culturel et éthique sont à craindre. En effet, M. Nébié a déclaré qu’un gène livré dans la nature n’est plus contrôlable.

Il pense qu’il peut générer des effets à long terme. A son avis, les OGM n’ont pas été suffisamment expérimentés sur les êtres humains pour être consommés. Le professeur soutient que la vulgarisation des variétés de semences créées par les chercheurs burkinabè, l’amélioration des moyens et méthodes de production ainsi que celle des rendements des sols et la lutte pour la maîtrise de l’eau sont des alternatives à l’utilisation des OGM pour atteindre la sécurité alimentaire des OGM. « Les plantes transgéniques ne peuvent résoudre nos problèmes de déficit agricole, car nous sommes au stade de la daba », a-t-il précisé.

Le deuxième conférencier, Emmanuel Siambo, s’est chargé de faire l’état des lieux des OGM au Burkina Faso.

Y a-t-il des OGM au Burkina ?

Emmanuel Siambo a révélé que les OGM ont été introduits officiellement au Burkina en 2003, précisément dans les exploitations agricoles de Farakoba (Bobo-Dioulasso) et Kouaré (Fada N’Gourma).

Une équipe de la Coalition de veille face aux OGM (CVOGM) qui regroupe une quarantaine d’organisations de la société civile a effectué une visite sur ces sites d’expérimentation. Elle a constaté, selon M. Siambo, que le confinement des espèces végétales n’y est pas réel et qu’aucune étude d’impact n’est faite. Pour le conférencier, les moyens de contrôle des produits importés font défaut au niveau des frontières, particulièrement en ce qui concerne les OGM. « Fort de ce constat, il est risqué de proclamer qu’au Burkina, il n’existe pas d’OGM dans des lieux autres que Farakoba et Kouaré », a indiqué Siambo.

En effet, la plupart des semences maraîchères proviennent de pays développés fabriquant des OGM ; il en est de même de la plupart des produits agroalimentaires transformés et conditionnés industriellement. Par ailleurs, des organisations internationales d’aide alimentaire comme le Programme alimentaire mondial (PAM) font parfois appel (dans le cas ou l’achat des vivres dans le pays bénéficiaire est impossible) à l’appui en aliments des pays riches producteurs d’OGM.

CVOGM a découvert la présence de produits fabriqués avec des OGM dans les rayons de certains supermarchés et boutiques. M. Siambo a exhibé aux participants dont des étudiants fonctionnaires et acteurs de la société civile, un bidon d’huile à base de soja génétiquement modifié. CVOGM qui se donne pour mission d’informer la population sur les OGM, trouve que le gouvernement devrait faire l’état des lieux des OGM dans le pays et prendre les précautions requises pour leur utilisation ou consommation. « L’association n’est pas contre l’utilisation des organismes modifiés. Elle souhaite une maîtrise de leur technologie et une expérimentation précautionneuse. Cela dans le but de protéger l’environnement, la santé des populations et préparer l’avenir des générations futures », a précisé le président de CVOGM, Jean Didier Zongo. Les participants ont salué la tenue de la conférence. Ils ont suggéré la continuation et l’intensification des activités de sensibilisation des populations.

Séraphine SOME (serasome@yahoo.fr)

Sidwaya

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